Le rôle stratégique des infirmiers coordinateurs (IDEC) en EHPAD enfin officialisé et la fonction du médecin coordonnateur repensée
- Camille DECROIX

- 27 oct.
- 3 min de lecture

Le secteur médico-social franchit une étape décisive dans la professionnalisation des équipes en Établissements d'Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes (EHPAD). Le rôle de l'Infirmier Coordinateur (IDEC), pivot majeur de la prise en charge gérontologique, est désormais formellement reconnu et codifié au niveau national. Le Décret n°2025-897 du 4 septembre 2025, publié au Journal Officiel le 6 septembre 2025, vient concrétiser cette attente. Ce texte réglementaire, qui s'inscrit dans la continuité de la Loi Valletoux de 2023 et de la loi du 27 juin 2025 sur la profession d'infirmier, définit clairement les missions des IDEC et élargit celles des médecins coordonnateurs.
Un cadre légal essentiel pour l'IDEC
Ce nouveau décret apporte un statut juridique clair à la fonction d'IDEC, l'inscrivant dans le Code de l’action sociale et des familles (Article D312-158-1). Contrairement à une idée répandue, le poste n'est pas rendu systématiquement obligatoire pour tous les EHPAD, mais sa reconnaissance légale en fait un pilier incontournable face à la complexification croissante des soins.
Le texte établit que l'IDEC doit :
Participer à la coordination, à l'organisation et à la qualité des soins paramédicaux dispensés par l'équipe soignante.
Contribuer activement à l'élaboration du projet de soins et de prévention de l'établissement.
Être l'interface clé entre les résidents, leurs familles, la direction et les professionnels de santé libéraux.
Assurer l'application des bonnes pratiques professionnelles, notamment en matière de prévention des chutes et de lutte contre les infections.
L'objectif est d'harmoniser les pratiques, d'améliorer la continuité des soins et de mettre en place des indicateurs nationaux pour mesurer l'impact direct de la coordination sur des variables de santé telles que les réhospitalisations et les événements indésirables.
Le rôle du médecin coordonnateur repensé
Le décret ne se limite pas à l'IDEC : il apporte également une révision des missions du médecin coordonnateur. Ce dernier voit ses responsabilités s'élargir pour répondre à la raréfaction des médecins traitants identifiés ou disponibles pour les résidents d’EHPAD.
Désormais, le médecin coordonnateur :
Peut assurer le suivi médical des résidents qui le souhaitent et réaliser des prescriptions médicales pour ceux-ci, étendant son champ d'action au-delà des situations d'urgence ou de carence du médecin traitant,
Est encouragé à favoriser la mise en oeuvre des projets de télémédecine ainsi que l’utilisation des services numériques socles nationaux (Dossier Patient Informatisé, MSSanté, ViaTrajectoire, etc.).
Le texte clarifie également la possibilité du recours à la télécoordination médicale dans le cas où il n’est pas possible d’assurer cette fonction obligatoire au sein des établissements, à titre temporaire.
Le décret du 4 septembre 2025 marque une avancée intéressante en dotant les EHPAD d'un cadre de gouvernance des soins plus robuste, plus lisible et plus en adéquation avec les réalités de terrain.
Un décret qui ouvre des pistes intéressantes pour le déploiement de la e-santé en EHPAD
Alors que Catel pilote la mise en œuvre du programme national e-EHPAD, qui vise à accélérer la diffusion des usages d'e-santé - et en particulier de télésanté - en EHPAD, ce décret, en conférant au médecin coordonnateur et à l’IDEC des rôles centraux pour la coordination des parcours et interventions en EHPAD, pourra être facilitant pour le déploiement de la e-santé. En effet, la possibilité pour le médecin coordonnateur de devenir médecin référent des résidents d’EHPAD pourrait être aidant lors de l’initialisation, de la mise en oeuvre et du suivi de certains parcours de soins incluant de la télésanté, nécessitant auparavant la disponibilité et l’engagement d’un médecin extérieur à l’établissement. L’infirmière de coordination pourra aussi occuper une place plus centrale qu’avant dans ces organisations de télésanté, en soutien du médecin coordonnateur. Par ailleurs, l’incitation à utiliser les services numériques socles a bien été rappelée dans le décret, ce qui est également un levier important pour permettre et soutenir la coordination des professionnels, notamment avec usage de la télésanté.
Cette évolution légale fera donc l’objet d’une attention particulière du Collectif d’experts e-EHPAD, pour une prise en compte dans la méthode d’organisation et d’accompagnement qui sera proposée dans le cadre du programme e-EHPAD.






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