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Applications de santé : le modèle allemand, miroir de nos défis français ?

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Lancé en 2019, le programme allemand des applications de santé numérique, ou DiGA (pour Digitale Gesundheitsanwendung), est devenu un modèle européen. Prescrites par les médecins et remboursées par l'assurance maladie, ces applications accompagnent déjà plus d'un million de patients. Si ce modèle suscite un grand engouement, il soulève aussi des questions de coût et d'efficacité, inspirant l'Europe sans que la France ne parvienne encore pleinement à l'imiter.


Un modèle allemand de prescription numérique


En Allemagne, les DiGA couvrent un large éventail de besoins allant de la santé mentale à l'obésité. Grâce à une procédure d'autorisation accélérée mise en place par l'Agence fédérale des médicaments (BfArM), elles peuvent être prescrites par un médecin pour une période de trois mois renouvelable, même si les preuves de leur efficacité clinique sont encore en cours d'évaluation.


Pour Mona Noé, une habitante de Schleiden, l'application Cara Care a transformé sa vie en l'aidant à tenir un journal alimentaire pour gérer son syndrome de l’intestin irritable. Elle fait partie des 800 000 patients qui ont reçu plus d'un million d'ordonnances signées par près de 60 % des médecins allemands. Le Dr Johannes Patze de Francfort les prescrit « presque tous les jours », surtout pour la santé mentale, en attendant un rendez-vous avec un thérapeute, ce qui peut prendre des mois. Ces outils offrent un accès 24h/24 et 7j/7 à des informations, un suivi personnalisé et des services en ligne.


Coûts et valeur ajoutée en débat


Le succès des DiGA n'est pas sans controverse. La fédération du secteur de l'assurance maladie (GKV) dénonce des tarifs « excessifs », avec un coût moyen de 600 euros par patient pour trois mois, ce qui représente 234 millions d'euros remboursés depuis 2020. Elle critique également le manque de preuves d'efficacité. Cependant, les partisans du système, comme le consultant Henrik Matthies, estiment que ces applications « réduisent probablement les coûts à long terme » en améliorant la prise en charge des patients et en leur permettant de reprendre plus rapidement le travail. Le programme a également eu un effet « catalyseur » sur les start-up de la santé, en soulageant leurs finances.


Un modèle qui inspire, mais que la France peine à suivre


Le mécanisme allemand, malgré ses défis, est devenu un laboratoire pour d'autres pays européens comme la Belgique, qui a lancé son propre programme mHealthBELGIUM, et la France. Paris a créé en 2023 une procédure accélérée, Pecan, pour le remboursement des dispositifs médicaux numériques. Cependant, le processus français n'a validé que trois dispositifs de télésurveillance et a refusé toutes les applications mobiles soumises à ce jour.


Les fabricants français, représentés par le syndicat SNITEM, demandent des règles plus claires pour éviter que « l'émulation des débuts ne laisse place à la déception ». L'adoption de ces applications par les professionnels de santé reste également un frein, tout comme la formation des patients. Conscients de ces difficultés, Berlin et Paris ont signé un accord en juin pour harmoniser les procédures d'évaluation et accélérer la mise sur le marché.


La France avance ainsi avec prudence, cherchant à trouver un équilibre entre l'innovation en e-santé, la maîtrise des dépenses de santé et l'acceptation par les acteurs de terrain.


Pour la France, la perspective d’une transposition du Diga pourrait prendre plusieurs formes. Aujourd’hui, le remboursement des solutions se fait par l’intermédiaire des professionnels qui sont chargés d’identifier la solution répondant aux besoins du patient. Le patient n’a pas son mot à dire dans ce mode de fonctionnement. 


Avec le développement de Mon Espace Santé et du catalogue d’applications, on pourrait imaginer que les solutions référencées dans cet espace puissent être prises en charge financièrement lorsque le patient souhaite les employer. On pourrait imaginer que les applications soient “débloquées” selon le contexte clinique afin d’orienter le patient dans le choix d’une solution qui répond à ses besoins.


Sources : INES France, AFP, What's up Doc


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